Comment résister aux épreuves et aux difficultés ?

J’ai été habité cette semaine par une réflexion, sur l’échec et le moyen de sortir des épreuves (Voir les citations de la semaine 44).

L'idée de voir les échecs comme moyen d'apprentissage est facile à dire mais pas toujours facile à vivre. J’ai trouvé quelques réponses dans le dernier numéro de Cerveau & Psycho N°104 qui publie un dossier spécial  : Se reconstruire après l’épreuve.

Dans le domaine du développement personnel, on parle souvent de transformer les échecs en apprentissage. Je suis assez d’accord avec cela et c’est ce que je propose dans mes cours et dans les formations. Il a en effet été prouvé qu’une vision positive et optimiste permet de mieux faire face à la vie et même d’avoir une bonne santé. Cela dit, personne ne décrète une fois pour toutes qu’il veut être optimiste et apprendre de ses échecs.

Il y a des moments vraiment durs dans la vie où il est difficile de voir la lumière quand tout est sombre autour de vous. Pour arriver à en sortir, il faut s’y être préparé avant ou alors se faire aider. Et parfois les deux sont nécessaires.

Qu’est-ce qui permet la résistance psychique de l’être humain ?

C’est une question abordée dans le dossier spécial de Cerveau & Psycho de Novembre 2018.

Les études récentes montrent que certaines personnes, même avec de graves traumatismes, se reconstruisent plus vite que d’autres, alors qu’elles se trouvent dans des situations assez semblables. Il est intéressant de comprendre pourquoi. Ce dossier nous en parle. Je vous invite bien sûr à suivre les liens de la bibliographie.

Le dossier aborde la notion de résilience. Définir ce terme n’est pas simple comme le dit Boris Cyrulnik qui est un peu le père de cette notion.

Ce terme est utilisé au départ pour définir la résistance d’un métal aux chocs. Il s’agit de rebondir. Le mot a été utilisé dans divers contextes et exprime la capacité à surmonter une altération de son environnement. Et cela peut s’appliquer à un organisme, un système, un être humain.

En psychologie, Boris Cyrulnik le définit d’une manière bien précise. Il considère que le terme est trop galvaudé et limité. On parle de la capacité à savoir bien gérer son stress après une difficulté. Pour lui, cela va bien au-delà : « La résilience est la reprise d’un nouveau développement après un traumatisme psychique. Ce qui pour moi n’a rien à voir avec le simple stress ».

La résilience implique un retour à un équilibre psychique. Un retour à un état initial ou même parfois un gain de force psychique. C’est un processus dynamique qui implique un effet et une reconstruction au niveau du cerveau. La neuro-flexibilité est un facteur clé influencé par la production de certaines substances dans le cerveau. Substances nutritives, énergie, neurotransmetteurs, … Il y a donc différents types de résiliences et aussi différents types de traumatismes.

Des facteurs génétiques sont aussi présents. « 15 % des personnes sont « faciles » à blesser, car elles sont émotionnellement fragiles. En effet, dans leur ADN, elles présentent une forme (ou allèle) courte d’un gène codant un transporteur de la sérotonine, ce neurotransmetteur jouant un rôle crucial dans le système limbique impliqué dans les émotions et la mémoire ».

Nous ne sommes donc pas tous égaux face aux difficultés. Mais, aspect intéressant, le caractère génétique défavorable n’empêche pas ces personnes d’être résilientes, car d’autres éléments interviennent.

Les éléments protecteurs qui vont favoriser la résistance morale sont multiples :

  • Les facteurs génétiques comme déjà mentionné. 85 % des personnes présentent un facteur biologique de résistance au traumatisme. Cela ne veut pas dire qu’elles n’en seront pas affectées.
  • Les compétences sociales et relationnelles qui offrent une protection psychologique importante.
  • Les individus résilients ont souvent aussi une empathie importante. S’intéresser aux autres renforce les liens.
  • La parole est aussi très importante et permet de se libérer. Le fait de parler modifie le fonctionnement cérébral et régule les émotions.
  • Avoir une image positive de soi est aussi un élément souvent retrouvé.
  • Les personnes qui ont de la cohérence entre ce qu’elles vivent et le sens qu’elle peuvent y mettre est aussi un facteur clé. Elles estiment pouvoir faire face à ce qui leur arrive.
  • La flexibilité cognitive, c’est-à-dire la capacité à interpréter ses propres expériences de façon nouvelle et à s’adapter de façon souple aux changements alentour. Il y a donc la capacité à s’entraîner pour modifier nos pensées limitantes et négatives. Seligman, considéré comme le père de la psychologie positive, parle « d’optimisme appris  » pour identifier et désamorcer les idées destructrices.

Les bonnes relations avec les autres sont, nous l’avons vu, cruciales. De nombreuses études montent que cela est aussi bon pour la santé en général. On sait que l’impact sur le système immunitaire, sur le système hormonal et sur le système cardiovasculaire est important. « En 2010, Les psychologues Julianne Holt-Lunstad et Timothy Smith, de l’université Brigham Young, ont analysé à ce propos pas moins de 150 études concernant plus de 300.000 personnes. Il en ressort que les liens sociaux stables ont la propriété d’augmenter la longévité, indépendamment de l’âge, du sexe et de l’état de santé initial ».

En conclusion, nous voyons que pour mieux surmonter nos difficultés il y a d’abord un axe de travail sur soi, sur nos valeurs, sur la manière dont nous interprétons les événements et ce qu’ils peuvent nous apprendre. Voir les choses de manière positive est certainement un pas important.

Un autre axe déterminant est la relation aux autres comme nous l’avons vu ci-dessus. Le dialogue avec les autres et avec soi-même sont donc salutaires, comme les philosophes antiques nous l’avaient déjà recommandé.

"Que jamais le sommeil ne ferme ta paupière sans t'être demandé : Qu'ai-je omis ? Qu'ai-je fait ? Si c'est mal, abstiens-toi ; si c'est bien, persévère". Les vers dorés, Pythagore

Bibliographie :