Leadership social et humanitaire

Une mission très profonde...

Je suis en transit à Kigali, ma mission est presque terminée, je rentre demain sur Douala.

Je suis très profondément touché par cette mission à Uvira, en RD Congo, qui m’a permis de toucher à nouveau à ce que l’Humanité compte de meilleur et cela fait écho à ce que l’humanité peut faire de pire. Ce matin en effet, je suis allé visiter le mémorial dédié au génocide rwandais. Ce génocide des Tutsis qui avait été préparé de longue date et que l’ensemble de la communauté internationale a laissé faire.

Je ne vais pas revenir sur ce qui s’est passé dans les faits mais je veux souligner que ce qui a permis ce génocide, ce sont les lâchetés et les errements d’autres êtres humains. Vous et moi sommes concernés. Car ceux qui ont été les assassins étaient les voisins et les amis des victimes !

Une horreur, une abomination. Des centaines de milliers de personnes tuées à la machette, enfants compris.

Tout cela sous prétexte qu’ils étaient différents, et que cette différence est devenue une stigmatisation jusqu’à l’horreur. Et cette stigmatisation s’est faite progressivement, années après années, sous les yeux de tous !

Les premiers à vouloir établir des différences ont été les colons belges qui ont séparé les Hutus et les Tutsis en fonction du nombre de vaches qu’ils possédaient. Il n’y avait point de différences raciales, ils appartenaient tous aux mêmes communautés. Ils étaient seulement de niveau économique différent. Ensuite on a voulu les séparer sous des caractéristiques ethniques, et puis il y a eu la stigmatisation, et puis il y a eu les massacres sous les yeux d’un monde spectateur passif.

Tous cela pour montrer que la plus petite dérive peut mener très loin.

Nous tous sommes parfois responsables de stigmatiser certaines différences ou parfois de commettre des actes de violence, même verbale.

J’ai été témoin, il y a quelques semaines, du passage à tabac d’un jeune qui avait voulu voler une moto. Cela se passait dans ma rue, presque sous mon balcon. Il a été attrapé et frappé à coup de bois. Cela sous les yeux de multiples spectateurs passifs qui prenaient des photos. J’avais beau crier d’arrêter, on ne m’entendait pas. Je n’ai pu supporter cela davantage et je suis descendu dans la rue. Je ne savais pas comment j’allais arrêter cela, ni ce qui pouvait m’arriver, mais je ne pouvais plus regarder cela sans rien faire, ma dignité ne me le permet pas.

Au moment où je suis arrivé auprès des personnes qui frappaient le jeune homme, la police est arrivée. Ils ont emmené le jeune.

Quelques jours plus tard, j’ai appris qu’il avait succombé à ses blessures.

Nous sommes en face d’un acte de barbarie ! Nous ne pouvons pas laisser tuer un être humain comme cela.

Et parmi ceux qui étaient présents, nombreux vont sans doute à la messe le dimanche… pour se comporter en barbare ou en témoin passif le lundi.

Depuis très longtemps, plus de 30 ans, je veux participer activement à lutter contre la barbarie. Je le fais par l’éducation et aussi un travail personnel de développement.

C’est la raison pour laquelle ma mission avec les jeunes des hauts plateaux du Sud Kivu prend un sens important. Cela représente l’espoir. L’espoir de la paix, l’espoir de l’humanité.

Ces jeunes issus de plusieurs communautés ont décidé de changer leurs croyances et leurs préjugés pour donner une chance à la paix. Ils se sont transformés grâce aux formations reçues et aussi au travail qu’ils ont mené dans leurs communautés.

Plusieurs parmi eux, hommes et femmes, sont devenus de vrais leaders, ils ont mené des actions et sauvé des vies en empêchant des luttes, là où la parole pouvait résoudre le différend.

Ils osent prendre des risques car ils croient en l’Humanité et en la paix, quelque soit la communauté dans laquelle ils sont nés.

La mission que j’ai terminée consistait à finaliser un manuel sur le leadership à l’usage des jeunes du Haut Plateau. L’objectif est de développer encore plus leur capacité à agir dans leur région, à sensibiliser et à former d’autres jeunes pour devenir des leaders à leur tour.

Je suis persuadé que ce manuel, enrichi par leurs exemples, va stimuler d’autres jeunes à les suivre et à agir.

Je me souviens que lorsque j’avais 20 ans environ, j’ai été stimulé à agir grâce à un livre. J’étais déjà très sensibilisé et dans l’envie de vouloir changer le monde (ou en tout cas essayer de l’améliorer). Ce qui m’a vraiment réveillé c’est un livre de Paul Emile Victor (un explorateur) : Qui s’appelle « Jusqu’au cou et comment s’en sortir ».

« Si vous n’êtes ni parmi les «aquoibonistes», ni parmi les «jemenfoutistes», vous devez agir. Sans plus attendre.

Ne vous contentez pas de hocher la tête en signe d’approbation.

Rappelez-vous : la seule chose dont on soit sûr à l’avance de l’échec est celle qu’on ne tente pas.  

Alors ? Lève-toi et marche ! » Paul Emile Victor

Et je me suis levé.

Et j’ai marché !

Je suis donc devenu militant et mes premiers combats ont été ceux pour la protection de la nature et l’écologie naissante.

Je suis très fier de contribuer à ce projet Vijana Tuna Weza (Ensemble nous pouvons) mené par International Alert en RDC et pour le compte d'OAG au Cameroun qui m'y a envoyé. J’admire beaucoup ces jeunes qui malgré des conditions de vie extrêmement difficiles et l’insécurité qui règne, ont choisi de rester Humains et de lutter pour cela.

Cela donne du sens à ma vie et à mon travail.