C'est quoi être optimiste ?

Je reprends un article écrit il y a quelques année sur le livre de Philippe Gabillet, Eloge de l’optimisme. Philippe Gabilliet. Édition Saint-Simon 2010

Dans son avant propos, Luc SIMONET, Président d'Optimistes sans frontières, Royaume de Belgique, situe bien l’apport que peut avoir ce livre :

Au fond, « l'Éloge de l'optimisme » nous aide à renouer avec l'Antiquité, quand le savoir n'était pas dissocié de la sagesse, quand les philosophes formaient des vertueux plutôt que des virtuoses cherchant à nous procurer un « équipement de l'âme» qui nous aiderait à mourir et, avant cela, à vivre.

C’est effectivement l’essentiel de ce que la philosophie antique nous a légué : apprendre à vivre et à mourir ! Il ne s’agit pas de grands discours mais d’art de vivre, d’affronter le quotidien avec des armes intérieures qui s’aiguisent avec l’âge et l’expérience. Cela ne veut pas dire que les idées sont absentes. Elles sont bien présentes et donnent toujours un cadre grandiose aux éléments « terre à terre » du  vivre au présent.

L’auteur nous propose l’optimisme comme un devoir même s’il est vrai que le pessimisme fait recette car plus « réaliste ».

Pourtant les études les plus récentes, par exemple dans le domaine de la santé et des neurosciences, montrent clairement que les optimistes sont en meilleure santé et que le pessimisme peut mener aux idées noires et à la dépression (l’auteur cite d’ailleurs Thierry Janssens, la solution intérieure, Fayard 2007).

L’optimisme dérive du latin : optimus (très bon, le meilleur), lui-même superlatif de bonus (bon). Philippe Gabilliet cite Leibniz comme étant un de ceux à poser les bases d’une philosophie optimiste : à son optimisme absolu répond l'optimisme relatif (parfois aussi appelé « méliorisme ») d'un Fénelon (1651-1715), héritier en cela des philosophes de l'Antiquité, et tout particulièrement de Marc-Aurèle et des stoïciens.

Et on en revient à l’antiquité…

L’optimisme est avant tout une attitude mentale ! C’est une façon de voir le monde mais aussi d’agir dans le monde. Quelques soient les difficultés rencontrées, l’optimiste y trouvera des opportunités.

Epictète (50-130 ap. JC) disait déjà :

Pour moi, il n'y a que d'heureux présages ; car, quoi qu'il arrive, il dépend de moi d'en tirer du bien.

Ou encore :

Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu'ils en ont. Par exemple, la mort n'est point un mal, car, si elle en était un, elle aurait paru telle à Socrate, mais l'opinion qu'on a que la mort est un mal, voilà le mal. Lors donc que nous sommes contrariés, troublés ou tristes, n'en accusons point d'autres que nous-mêmes, c'est-à-dire nos opinions.

L’optimiste va donc sans cesse choisir de voir les choses positivement. Cela lui donne des opportunités, de la chance diront certains.

L’auteur voit clairement les optimistes à la base de l’évolution culturelle par leur capacité d’anticipation :

Planter au printemps pour récolter à l'automne est un signe culturel d'optimisme, tout comme attaquer un mammouth au javelot, entreprendre la construction d'une cathédrale en sachant qu'elle ne sera peut-être terminée qu'un siècle plus tard ou s'accorder - tel Kennedy - moins de dix ans pour envoyer un homme marcher sur la Lune.

Cela part de 4 convictions (p. 23) :

  • Le pari sur la force de volonté (individuelle et collective) afin de faire changer les choses. C’est refuser de renoncer…
  • Le pari sur l’existence d’une solution et le refus de tout fatalisme.
  • Le pari sur la ressource positive. C’est le culte des points forts ! Voir le verre à moitié plein.
  • Le pari sur l’action opportune et prendre les options qui conviennent à tout moment.

Les optimistes vont donc se reconnaître à trois caractéristiques (p. 28) :

  • Leur façon d'envisager l’avenir ;
  • Leur façon d'interpréter les événements passés qui leur sont advenus (en particulier lorsqu'ils sont négatifs, mais pas seulement) ;
  • Leur façon de décider et de faire des choix dans l'instant présent, les optimistes vivant presque toujours leur présent comme une sorte de «réservoir d'avenir favorable».

Par rapport à l’interprétation des événements, il y a une grande différence avec les pessimistes.

Il reprend les travaux de Martin Seligman qui explique que nous avons trois façons d’expliquer les événements de notre vie :

La causalité : ce qui m'est arrivé est-il plutôt de mon fait (personnalisation) ou dû à des circonstances extérieures ?

La stabilité : ce qui m'est arrivé est-il appelé à se répéter à chaque fois (durable) ou était-ce exceptionnel (temporaire) ?

La globalité : ce qui m'est arrivé est-il valable dans tous les domaines de ma vie (universalité) ou cela concerne-t-il uniquement le domaine concerné (spécificité) ?

Ainsi, face à un échec important ou à une épreuve inattendue, un pessimiste aura plutôt tendance à croire que cette situation désagréable :

- est stable, c'est-à-dire qu'elle va se poursuivre, se répéter.

- est globale, c'est-à-dire qu'elle va affecter tous les autres domaines de sa vie.

- est de son seul fait, de sa seule responsabilité. (Et donc culpabilisation…)

Un aspect important de l’optimiste réside dans sa capacité d’auto-motivation par un dialogue intérieur. Nous retrouvons là une des pratiques essentielles des philosophes antiques : l’examen de conscience et le dialogue interne, piliers des exercices spirituels.

Une autre vertu importante qui caractérise l’optimisme est la persévérance.

Comme disait Churchill, le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme.

La philosophie positive (M. Seligman, Christopher Peterson) met en avant l’optimisme qui contribue à la santé et au bien-être de quatre façons :

  • L’optimiste se sent responsable de ce qui lui arrive quand l’expérience est positive mais peut relativiser en cas d’échec. Le pessimiste à tendance à faire l’inverse. Il se culpabilise pour les échecs et ne se sent pas responsable de ses réussites.
  • L’optimiste prend sa santé en main et réagit pour faire quelque chose.
  • L’optimiste aura des réactions positives aux difficultés de la vie. Il en réduit l’impact.
  • Enfin, grâce à leurs contacts sociaux, les optimistes protègent leur santé.

En bref, ce livre nous invite à regarder le monde avec un regard optimiste, cela peut changer la vie.

Le pessimiste pense qu’un jour est entouré de deux nuits, l’optimiste pense qu’une nuit est entourée de deux jours (Francis Picabia).